Quelles plantes choisir lorsqu'on n'arrive plus à uriner normalement, qu'il s'agisse d’un problème à la prostate chez l’homme, d’une cystite chez la femme, ou d’une insuffisance rénale débutante qui touche les deux sexes en vieillissant ? Réponses d'un phytothérapeute qui invite à en privilégier quatre, validées scientifiquement.
La canneberge (cranberry) est la plus connue des plantes qui agissent contre des troubles urinaires, mais il en existe d’autres. On vous dit tout sur leurs bienfaits, mode d’emploi et contre-indications.
L’épilobe pour faciliter l’évacuation des urines chez l’homme
À partir d’un certain âge et chez l’homme exclusivement, la vessie grossit et empêche le bon écoulement des urines. Ainsi, en cas d’hypertrophie bénigne de la prostate (ou adénome de la prostate), l’évacuation des urines (miction) est plus laborieuse, plus fréquente, parfois impérieuse, surtout la nuit où elle provoque au moins trois réveils.
Une consultation est indispensable pour confirmer la réalité de cette affection gênante et écarter l’éventualité d’un cancer.
C’est dans les cas d’hypertrophie bénigne que l’épilobe, une herbacée à petites fleurs, est indiquée en raison de sa richesse en tanins (l’œnothéine), en flavonoïdes et en stérols végétaux qui favorisent la décongestion de la prostate.
La plante inhibe l’activité d’une enzyme qui fait grossir la glande ; elle exerce par ailleurs un effet anti-inflammatoire.
Le mode d’emploi : la forme tisane est bien adaptée, avant 17 h pour ne pas compromettre la qualité de la nuit !
La dose ? Une bonne pincée pour une tasse que l’on jette dans de l’eau bouillante. On laisse infuser, feu éteint, 15 minutes, avant de filtrer. Boire une tasse par jour, en cure de deux à trois mois.
Les précautions : « L’épilobe peut augmenter les effets de certains médicaments comme des anticoagulants dont la warfarine, des anticonvulsivants ou encore la digoxine, un tonicardiaque », signale le Dr Jean-Michel Morel. Un médecin ou un pharmacien doit alors être interrogé.
La busserole, anti-infectieuse chez la femme
Ses feuilles contiennent son principe actif d’intérêt, l’arbutoside qui, une fois transformé par les bactéries intestinales, libère un composé anti-infectieux urinaire, l’hydroquinone. La busserole contient aussi des iridoïdes, anti-inflammatoires, des flavonoïdes et des tanins protecteurs de la paroi de la vessie.
Le mode d’emploi : à prendre plutôt sous forme de gélules d’extrait sec (versus la poudre de plante, moins concentrée), à raison de 6 gélules (de 250 à 300 mg chacune) par jour, pendant 8 jours. « Pour faciliter l’hydrolyse du principe actif, il est conseillé d’alcaliniser les urines en buvant un litre d’eau dans la journée à laquelle a été ajoutée une cuillerée à café rase (2 à 3 g) de bicarbonate », suggère le médecin. Les précautions : contre-indiquée chez les femmes enceintes.
La canneberge contre les récidives de cystite chez la femme
Une seule espèce de canneberge, originaire d’Amérique du Nord, est validée pour la prévention des infections urinaires : Vaccinium macrocarpon. Ses fruits renferment des proanthocyanidols (PAC) qui inhibent l’adhésion es bactéries intestinales à l’origine des cystites infectieuses (colibacilles) à la vessie. Elle empêche ainsi, ou au moins diminue la fréquence des infections urinaires récidivantes.
Le mode d’emploi : la dose recommandée est de 36 mg de PAC par jour, en cure de 2 à 3 mois.Les précautions : elle peut interférer avec certains médicaments dont le métabolisme passe par des cytochromes, des coenzymes qui accélèrent ou freinent leur action, comme la warfarine anticoagulante.
L’orthosiphon pour activer le fonctionnement du rein
Cette plante diurétique accélère l’élimination de l’eau grâce à ses flavonoïdes et ses composés phénoliques qui stimulent le fonctionnement du rein. On l’utilise par conséquent chez l’homme et la femme pour augmenter le volume des urines en cas de difficultés à uriner et d’insuffisances rénales débutantes.
L’orthosiphon est aussi utile en cas de goutte car il permet de mieux éliminer les dérivés d’acide urique. « Je la conseille entre deux crises de coliques néphrétiques ou pour résoudre des rétentions d’eau prémenstruelles par exemple », détaille le Dr Morel.
Le mode d’emploi : la forme idéale est la tisane, de feuilles et de fleurs. Jeter 3 pincées dans un litre d’eau bouillante, infusées 15 minutes, avant de filtrer et de boire au fil de la journée.
Autre possibilité plus pratique et plus discrète, les gélules d’extrait sec (de 200 à 300 mg chacune), à raison de 2 à 3 gélules par jour. À prendre 10 à 15 jours par mois.Les précautions : réservé à l’adulte. Ne pas l’utiliser pendant la crise de colique néphrétique, et en cas de maladie rénale, en discuter avant avec son médecin.
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